Un nouveau succès médical pour les leucodystrophies
L’association ELA vient d’annoncer un nouveau succès médical pour les leucodystrophies. Trois enfants ont été traités et leur maladie a été stoppée. Trois ans après leur traitement, ils vont bien. Cette thérapie offre pour la première fois un espoir de traitement pour les patients atteints de MLD.
Les premiers résultats de l’essai de thérapie génique pour la leucodystrophie métachromatique (MLD) conduit par le Dr Alessandra Biffi et le Pr Luigi Naldini de l’Institut TIGET San Raffaele à Milan (Italie) viennent d’être publiés dans la revue Science.
La leucodystrophie métachromatique (MLD) est une maladie neurodégénérative rare dont le défaut génétique conduit à une démyélinisation rapide du système nerveux et pour laquelle aucun traitement n’existe. Dans sa forme sévère, les enfants perdent progressivement leurs capacités motrices et cognitives jusqu’à un décès précoce.
Pour corriger le défaut génétique de la MLD, les médecins ont prélevé les cellules souches de moelle osseuse du malade, les ont corrigées en introduisant le gène normal à l’aide d’un vecteur lentiviral dérivé du virus du sida inactivé puis les ont réinjectées chez le malade.
Ce traitement expérimental est basé sur la thérapie génique de l’adrénoleucodystrophie décrite en 2009 et financée par ELA qui a ouvert des perspectives de traitement pour d’autres maladies rares ou plus fréquentes.
« Le mécanisme thérapeutique est plus sophistiqué », précise Alessandra Biffi, responsable de l’essai, « les cellules corrigées atteignent le cerveau par voie sanguine et libèrent la protéine correcte qui est recueillie par les cellules nerveuses environnantes. »
Eugenio Montini, coordinateur des analyses moléculaires, indique « jusqu’à présent, nous n’avons jamais vu une approche manipulant les cellules souches par thérapie génique qui soit aussi efficace et sûre ».
« La thérapie génique a permis d’obtenir le remplacement du gène de façon extensive et stable » ajoute le Dr Biffi, « ce qui a conduit à une expression élevée de la protéine dans les cellules souches et dans le liquide céphalorachidien. Sept à vingt-et-un mois après l’âge prévu d’apparition des symptômes, la maladie ne s’est pas déclarée ou n’a pas progressé chez les trois patients traités ».
Les résultats publiés ne font référence qu’aux enfants traités pour lesquels on a suffisamment de recul. Cinq autres patients ont été traités depuis.
«Trois ans après le début de l’essai clinique, les résultats obtenus sont très encourageants : la thérapie est non seulement sûre mais aussi efficace et capable de changer l’histoire clinique de ces maladies sévères. Après 15 ans d’efforts, nos succès au laboratoire mais aussi nos frustrations, c’est très enthousiasmant de pouvoir apporter une solution concrète aux premiers patients», déclare le Pr Naldini, directeur du TIGET.
« Nous espérons étendre ce traitement à tous les enfants souffrant de la forme infantile tardive de la MLD présymptomatique » explique Alessandra Biffi. « Cela prendra quelques années pour qu’un tel traitement puisse être offert à la communauté de patients MLD ».
Le Pr Naldini rapporte également le succès de la thérapie génique pour le syndrome de Wiskott-Aldrich, un déficit immunitaire qui rend les enfants vulnérables aux infections.
Guy Alba, président fondateur d’ELA, se réjouit bien évidemment de ce nouveau succès qui conforte le travail réalisé par l’association depuis plus de 20 ans désormais dans la recherche sur les leucodystrophies : « Nous sommes fiers d’avoir participé au financement de cet essai. Il s’inscrit dans le prolongement d’un premier succès en 2009 de deux équipes françaises : Aubourg & Cartier (St Vincent de Paul), et Fischer & Cavazzana-Calvo (Necker) dans la thérapie génique de l’adrénoleucodystrophie (ALD). Nous partageons ce résultat prometteur avec toutes les familles concernées et avec les donateurs qui nous ont permis d’en être le premier contributeur (plus de 7,5M€ dans la recherche sur l’ALD). Nous finançons également un nouvel essai de thérapie génique pour la MLD par injection intracérébrale menée dès cette année à l’hôpital Bicêtre par le Dr Caroline Sevin et le Pr Aubourg. Toutes ces initiatives s’inscrivent dans la volonté forte de l’association ELA de donner la priorité aux essais thérapeutiques, au plus près de l’intérêt des malades. En effet depuis 1992, ELA est le premier financeur de la recherche sur les leucodystrophies. »
Source : ELA : www.ela-asso.com