Tabagisme : l’importance de la hausse des prix dans la prévention des cancers
On estime que 37 000 décès par cancers sont imputables à la consommation de tabac par an, ce qui en fait de loin le principal facteur de risque évitable de cancer en France, rappelle l’INCa. Les pouvoirs publics ont donc mis en place une politique de prévention qui repose notamment sur l’augmentation du prix du tabac. C’est ainsi que le prix des cigarettes a augmenté de 6% le 17 octobre, soit environ 30 centimes par paquet.
L’augmentation du prix du tabac est considérée par les organisations internationales (Banque mondiale, OMS) comme la mesure la plus efficace et la moins coûteuse pour lutter contre le tabagisme. Le CIRC a rappelé en 2008, dans sa publication sur les méthodes d’évaluation des politiques de contrôle du tabac (1), qu’une augmentation de 10 % des taxes et du prix des produits du tabac réduisait la consommation de tabac de 2,5 à 5 % (un peu plus de la moitié de l’effet prix se répercute sur la prévalence et un peu moins de la moitié sur la consommation moyenne des fumeurs qui n’ont pas arrêté de fumer). L’influence de cette hausse des taxes est plus forte chez les jeunes (IARC 2008).
La France a mis en œuvre, dans le cadre du Plan cancer 2003-2007, une politique d’augmentation des prix des cigarettes manufacturées entre 2003 et 2004. Les prix ont subi des augmentations successives de 8 % en janvier 2003, de 18 % en octobre 2003 et de 9 % en janvier 2004. Trois autres augmentations (6 %) ont eu lieu en août 2007, novembre 2009 et novembre 2010 faisant passer le prix du paquet le plus vendu de 5 € à 5,90 €, une quatrième (6%) est entrée en application le 17 octobre 2011.
L’évolution des ventes de cigarettes semble fortement liée à celle des prix. Lorsque les prix n’augmentent pas ou peu, les ventes semblent rapidement repartir à la hausse comme cela a été le cas en 2009 (hausse des ventes de 2,6 % par rapport à 2008). Les augmentations de prix successives de 2003 et 2004 avaient permis une diminution des ventes d’environ 32 %, mais depuis 2004, les ventes de cigarettes restent quasiment stables.
Au niveau européen, l’INCa a soutenu la tenue d’un séminaire TobTaxy financé par la commission européenne et qui s’est réuni à Paris du 6 au 8 juin 2011. Des experts européens de la taxation des produits du tabac et du commerce illicite ont partagé l’expérience des différents pays représentés (France, Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Luxembourg) et ont établi une proposition de plan d’actions pour la stratégie française en matière de fiscalité des produits du tabac.
Avec 33,6 % de fumeurs chez les 15-75 ans en 2010, notre pays est encore loin de la cible d’une prévalence inférieure à 20% recommandée par l’OMS.
Les dernières données du baromètre santé 2010 montrent que la consommation de tabac ne baisse plus en France et augmentent pour certaines catégories de populations comme les femmes de plus de 40 ans et les personnes au chômage. Les efforts doivent donc être poursuivis et renforcés pour faire reculer le principal facteur de risque reconnu de pathologie cancéreuse.
Source : INCa
(1) IARC. Methods for evaluating tobacco control policies, IARC Handbooks of Cancer Prevention volume 12. 2008