Suicides : une association pour aider les salariés en détresse
Asd-pro est une association de Chinon (Indre-et-Loire) qui propose des consultations gratuites par mail pour lutter contre la détresse au travail et la hausse des suicides liés à la vie professionnelle. 200 consultations par semaine : le nombre des connexions a littéralement explosé au cours des dernièrs mois.
Créée il y a un peu plus d’un an Asd-pro regroupe des professionnels de tous horizons, médecins, avocats ou simples salariés, et traite des demandes adressées de toute la France. Le principe est simple: le site internet www.asdpro.fr donne des explications, une adresse mail permet de poser des questions et d’obtenir des conseils et des informations sur les recours administratifs ou judiciaires.
Un salarié sur trois déclare éprouver une souffrance au travail
Les suicides et les dépressions professionnels qui parfois en découlent prennent une ampleur inquiétante. Le taux de suicide en France s’est élevé à 16,3 pour 100.000 habitants en 2007, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Chez les hommes de moins de 65 ans, il frôle les 20 pour 100.000, et dépasse les 30 pour 100.000 entre 35 et 59 ans.
Au delà des statistiques, syndicalistes, experts, médecins, inspecteurs du travail, acteurs pouvant être eux-mêmes parfois victimes, témoignent chaque jour de la réalité et de l’ampleur du problème. Les causes de ces suicides et dépressions professionnels sont liées aux organisations du travail et au mode de gouvernance des entreprises. Les salariés confrontés à ces conditions de travail délétères se disent démunis, seuls, et parfois se considèrent « coupables » de la situation.
Ces situations déclenchent des troubles psychiques et peuvent notamment conduire à la dépression, voire au suicide. Or comme il est souvent impossible de mesurer ou quantifier la part qui revient au travail et celle qui incombe à la sphère privée, dans la plupart des cas, les causes professionnelles sont niées : le principe d’imputabilité est ainsi remis en cause. Dans le milieu de la recherche en santé au travail, le lien est clairement établi entre atteintes à la santé mentale (et ses dérivées en terme de santé physique et sociale) et l’organisation du travail (dans ses différentes facettes : charge de travail, effectifs, collectifs de travail, délais, mode de coopération, etc…).
Paradoxalement, quand ce type de situation se présente, la reconnaissance de ce lien avec le travail n’est ni établi, ni recherché. Dans la plupart des situations, ces phénomènes sont donc renvoyés à la seule personne: c’est l’individualisation des problèmes qui est privilégiée, occultant ainsi les dimensions sociales et organisationnelles. En conséquence, toute approche préventive est exclue, au profit d’un principe de « gestion » (individuelle) et/ou de « réparation » (médicale et paramédicale) de ces risques.
Pour plus d’informations : www.asdpro.fr ; www.afsset.fr et www.sante-environnement-travail.fr