Pyrénées: on ne joue plus au nounours
“Seuls les ours tués ou morts accidentellement seront remplacés“, a annoncé la secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno, dans une interview au Parisien-Aujourd’hui en France. Une seule femelle, Franska, tuée par un automobiliste en 2007, sera donc remplacée dans l’immédiat.
Il est vrai que la polémique pro et anti-ours prenait une ampleur telle que l’Etat ne pouvait plus laisser parler la poudre. La réintroduction de plusieurs animaux, comme en 2006, avait provoqué la levée de boucliers des anti-ours, pour ne pas dire plus. Et pourtant, la mortalité imputable aux ours est faible: 142 brebis ont été tuées par les ours en 2009, alors qu’il en meurt 10 000 environ par an. Mais l’hostilité, voire l’aversion, des éleveurs face à la réintroduction des ours relève aussi d’un vigoureux antiparisianisme: les éleveurs estiment -non sans raison- que ce genre de décision relève d’un caprice à la manière de Marie-Antoinette. Ils n’ont pas tort de rappeler que cette affaire tourne au phantasme, et que la rencontre inopinée avec un plantigrade mal léché (250 à 300 kg) ne se passe pas forcément comme dans le film de Jean-Jacques Annaud. Globalement, la population des ursidés croît aujourd’hui au rythme d’un animal par an environ. Des animaux pourront être réintroduits si elle stagne ou baisse.
A l’origine de la polémique, une directive de Bruxelles datant de 1992 prévoyant, grosso modo, la réintroduction d’espèces ayant disparu de leur habitat traditionnel. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement s’est bien gardé de supprimer la réintroduction des ours, comme d’ailleurs des lynx dans l’Est de la France, où le félin n’est pas très bien vu, pour les mêmes raisons que l’ours dans les Pyrénées. Bilan de l’opération: pro et anti-ours se disent relativement satisfaits. Toujours ça de gagné, par les temps qui courent…