Pénurie de gazole : ce qu’il ne faut surtout pas faire
Plus de gazole ? Pas de panique ! Les petits malins ont leurs combines. Ou du moins le croient-ils. Inventaire des combines. Première d’entre elles, le fioul rouge. A quoi sert-il ? Aux tracteurs. Il est rouge car on a versé dedans un colorant très tenace, très facile à détecter en cas de contrôle. Pourquoi un contrôle ? Tout simplement parce qu’il est très peu taxé, comme son frère le bleu réservé aux moteurs marins.
En période de pénurie, les utilisateurs spéculent sur la mansuétude des forces de l’ordre, occupés ailleurs… Mais ce fuel rouge n’est pas aussi inoffensif qu’on le prétend. Son taux de souffre est, de très loin, supérieur au diesel. Outre le fait qu’il est donc bien plus polluant, l’utilisation du fuel rouge dans une voiture récente détruit à coup sûr les catalyseurs du pot d’échappement, et pour les véhicules équipés de filtres à particules, c’est pire que tout : la facture du remplacement d’un catalyseur peut atteindre les 1 000 euros. Autre inconvénient : ces fiouls (rouge et bleu) sont plus sales que le diesel : ils sont moins raffinés et contiennent des impuretés susceptibles de boucher les filtres à gazole. Ce n’est pas le plus grave. Les moteurs diesel modernes sont très exigeants sur la qualité des carburants : la moindre impureté et/ou la présence d’eau peut avoir des conséquences catastrophiques pour le moteur et la ou les pompes d’injection du carburant. Facture de la réparation ? Astronomique ! Il faut en effet tout changer.
Et ce n’est pas tout : rouler avec ces fiouls relève en effet de la… fraude fiscale. L’utilisation de fuel rouge par un automobiliste roulant au diesel est en effet considérée comme un «détournement de destination privilégiée». Case prison, confiscation du véhicule, et amende salée. Vous en reprendrez bien une petite goutte ? Autant dire tout de suite que rouler avec ces fuels dans une voiture diesel moderne relève de l’inconscience. Mais les amateurs le savent : ils réservent ces carburants à des modèles de dix à quinze ans d’âge, moins sophistiqués. Reste l’huile des frites. Eh oui ! D’autres petits malins récupèrent l’huile des frites dans les restaurants et la versent dans leur réservoir. Ça marche ? Euh, oui. Mais pour des moteurs diesel antiques. Versez cette potion infernale dans votre HDI moderne, pour voir… Cette fois, c’est la case garage. Et amende puisque l’usage des ces huiles, non soumises à la taxe sur les carburants, reste interdit. Passons maintenant au rayon des huiles alimentaires disponibles dans le commerce. Certes, on peut mélanger jusqu’à environ 30 % de ces huiles (colza, tournesol…) au gazole. Mais là aussi, bien mal acquis ne profite jamais : vous avez toutes les chances de vous faire repérer à la sortie d’une grand surface avec un caddie débordant de bouteilles d’huile de colza. Essayez d’expliquer que vous tenez une baraque à frites… Autre inconvénient : cette décoction est plus visqueuse et le démarrage par temps froid devient problématique car le carburant gazole/colza ou tournesol s’est transformé en margarine. Pour finir, votre voiture s’est transformée en « bagnole de Roger-la-frite » et sent… la friture à plein nez. Des gendarmes ou des douaniers.