Nouveau classement des meilleurs établissements de santé dans 30 disciplines : qu'a-t-il de plus ?
Vendredi 15 avril 2011, le Figaro Magazine publie un palmarès des meilleurs hôpitaux, cliniques et centres de lutte contre le cancer dans trente spécialités (en partenariat avec Le Guide Santé). Martine Betti-Cusso, journaliste au Figaro Magazine et les docteurs Stéphane Bach et Jean-Pascal Del Bano, dirigeants fondateurs du site www.le-guide-sante.org expliquent leur démarche dans une interview accordée à Réseau CHU : concertation avec les fédérations des établissements de santé, classements interrégionaux…
Quelle est la plus value du palmarès le Figaro Magazine/ Le Guide Santé, le 8ème du genre depuis la rentrée de septembre ?
Dr Stéphane Bach : Trois éléments le différencient de l’ensemble des palmarès et ils sont liés à la méthodologie :
– La méthode du recueil et de traitement des données à visée de classement a été présentée à un Comité Consultatif constitué de représentants de l’hospitalisation afin de rechercher un consensus : entre le secteur public et le secteur privé tout d’abord puis avec l’équipe du Figaro Magazine/ Le Guide Santé.
– L’ensemble des indicateurs de performance “Grand Public” opposables et disponibles ont été exploités et notamment les nouveaux indicateurs HAS. Ces indicateurs n’étaient pas disponibles l’année dernière et ont permis de créer un indicateur composite à partir de la moyenne des 5 suivants :
– Tenue du dossier patient
– Délai d’envoi du courrier de fin d’hospitalisation
– Traçabilité d’évaluation de la douleur
– Dépistage des troubles nutritionnels
– Tenue du dossier anesthésique
– La méthode de classement est intelligible et visible…ce qui est loin d’être le cas de tous les palmarès des autres médias !
Quels sont les atouts et les limites de votre grille ?
Dr Jean-Pascal Del Bano : Il ne s’agit pas d’une grille d’évaluation à l’instar de nombreux autres médias producteurs de palmarès ! Il s’agit d’une méthode visant à qualifier une base de données intégrant l’ensemble des établissements MCO en fonction de niveaux de qualité mesurée. Ainsi, sont incluses les structures présentant un rapport de certification et un score relatif de lutte contre les infections nosocomiales compatibles avec la qualité attendue par le Grand Public. Une fois la base qualifiée constituée, le classement se fait soit par l’indicateur HAS “composite” soit par le volume d’activité. Les atouts de cette méthode sont que les indicateurs ne sont pas opposables au Figaro mais aux producteurs et en l’occurence l’état…qui les met en ligne à visée informative sur la qualité des établissements sur le site www.platines.sante.gouv.fr. En outre, ces indicateurs vont être exploités par les ARS au sein de l’outil Hospi Diag…donc nous avions fait le bon choix dès le départ ! Les limites sont celles des indicateurs…et elles sont connues :
– données déclaratives pour le score de lutte et les indicateurs HAS avec peu de contrôle de l’exactitude par les Tutelles à ce jour
– le rapport de certification desfois expert-dépendant
– l’absence d’indicateurs de résultats mesurables non contestables…
Vous avez découpé la France en 8 inter régions et les lecteurs d’Aquitaine n’auront pas le même magazine que ceux d’Alsace. Pourquoi une telle approche ?
Martine Betti Cusso : Pour être au plus près des besoins de nos lecteurs. Il s’agit là de les informer des meilleurs établissements dans leur région et dans leur ville. Où peuvent-ils se faire opérer de la cataracte ? Qui est le plus performant pour prendre en charge un accident vasculaire cérébral ou pour poser un pace maker ? Où se soigner sans pour autant quitter sa ville ou son département. D’autant que nos palmarès ont montré la grande qualité des établissements en province
Les français sont très sensibles à la qualité des soins et aux petits plus qui améliorent leur prise en charge. Ils sont preneurs d’informations sur le sujet mais les sources se multiplient et ils doivent avoir du mal à faire la synthèse. Selon vous comment arrivent-ils à se forger leur propre opinion ?
Dr Jean-Pascal Del Bano : Il y a autant de palmarès que de méthodologie ! L’Etat ou la Haute autorité de santé doivent intervenir et réguler les palmarès en développant un “Guide méthodologique” tout en veillant à préserver la liberté éditoriale. Nous y sommes très favorables. De même, nous sommes favorables à une régulation par la Fondation HON de la diffusion d’informations de santé. Il y a en effet trop de sources d’informations et pas assez de professionnels qualifiés derrière chaque source…combien de médecins sont dans le back-office des principaux sites web en santé ou sont intégrés aux équipes responsables d’édition de palmarès ? Et sur les rares dénombrés, combien ont exercé comme médecin DIM ou médecin de santé publique ? A notre connaissance, il n’y a que LE GUIDE SANTE aujourd’hui qui puisse se prévaloir de la qualification de son équipe de rédaction…
Diriez-vous que les palmarès ont un bel avenir ou estimez-vous plutôt que la formule est en train de s’essouffler notamment avec la prochaine arrivée de Hospi diag mis en place par le Ministère de la santé**?
Dr Stéphane Bach : Les palmarès ont encore un bel avenir car le Grand Public est demandeur ! Hospi Diag sera probablement un outil très performant mais réservé aux initiés ! Les outils de l’état sont très performants mais rarement intelligibles pour le citoyen lambda et rarement livrés dans les délais…nous vous renvoyons à l’annonce publiée sur le site du Ministère de la Santé en date du 7 juillet 2010 dans laquelle Hospi Diag serait à disposition des établissements de santé courant 2010 ! Enfin, quelque soit l’outil d’évaluation proposé par l’état, le Grand Public exigera des outils indépendants et en conséquence, des palmarès indépendants…la liberté éditoriale est une composante de la démocratie ! L’état doit réguler mais ce n’est pas dans ses missions régaliennes de faire des palmarès…
Quels enseignements tirez-vous de ce vaste tour de France ?
Martine Betti Cusso : Partout en France, les établissements du secteur privé se montrent très dynamiques et il était temps que les établissements du secteur public réagissent. Surtout que les CHU concentrent nombre d’équipes médicales talentueuses, audacieuses et respectueuses de leur mission de service public. On sent aussi un net bouillonnement en recherche. Ce secteur connaît une restructuration d’envergure, pas toujours bien vécue, mais qui peut être porteuse d’avenir.
*7 palmarès depuis septembre 2010 !
– 22 septembre 2010, l’Express le classement des établissements prenant en charge le cancer
– 22 septembre 2010, le Point palmarès des hôpitaux dans 58 pathologies dans 13 spécialités
– octobre 2010 – Doctissimo Palmarès des maternités
– novembre 2010, TOP Santé– classement des meilleurs hôpitaux et cliniques pour la chirurgie de la femme
– 1er décembre 2010 l’Express revient avec le classement des établissements les plus sûrs
– 2 décembre 2010 le Nouvel Observateur et son palmarès des hôpitaux et cliniques dans 66 pathologies et 16 spécialités
– 5 février 2011, le palmarès des maisons de retraite du Figaro Magazine et du Guide Santé
Source : www.reseau-chu.org (interview réalisée par Marie-Georges Fayn)
** Hospi diag se présente comme un tableau de bord de la performance hospitalière évaluée à travers les indicateurs d’activité, qualité des soins, organisation, ressources humaines et financières