Naissance prématurée : pourquoi préserver la relation maman-bébé ?
Basés sur l’observation du nouveau-né, les soins de développement en cas de naissance prématurée visent à atténuer le stress du prématuré. Objectif : favoriser au mieux le développement du nourrisson, en intégrant au maximum, dans cette démarche ses parents.
Plus qu’une simple évidence physique, si le fœtus partage le même milieu que sa mère pendant 9 mois, cette relation intra-utérine doit être prolongée les premiers jours, pour que le nouveau né, même prématuré, ne subisse pas une séparation trop brutale.
L’impact de l’hospitalisation sur le lien maman-bébé
Le Docteur Jean-François Magny (Centre de néonatologie de Paris) rappelle qu’en situation de prématurité, durant les premiers jours de la vie, la mère et le bébé sont séparés et se retrouvent dans un environnement où les barrières sont multiples (incubateur, ventilation assistée, rythme des soins, actes médicaux, limitation des visites…). La naissance prématurée prive le nourrisson de l’environnement intra-utérin optimal pour le développement de ses organes et la maturation de ses systèmes physiologiques (pulmonaire, circulatoire, digestif, hépatique, rénal, nerveux central…).
Séparé de sa mère, le nouveau-né prématuré se retrouve « seul » dans un univers où il est exposé aux lumières, aux bruits, aux odeurs : des stimulations inadaptées parfois trop intenses, voire douloureuses. Le Docteur Magny décrit la séparation entre mère et bébé comme une rupture brutale et confirme que « même courte, l’hospitalisation en néonatologie perturbe la relation maman-enfant».
Stress, anxiété, sentiments d’impuissance et de culpabilité de la mère vont influencer la qualité de la relation avec l’enfant à court, moyen et long terme. Parallèlement, le bébé est privé de la présence de sa mère, des repères et des interactions qui l’accompagnent et qui participent à son développement (voix, odeur, posture…). Le processus d’attachement ne peut s’établir correctement. Ce sentiment de sécurité remis en cause dans les premiers jours de la vie peut avoir des conséquences importantes sur la capacité d’autonomie et sur la construction des relations sociales de l’enfant.
Les émotions jouent un rôle essentiel
Dès la naissance, le nourrisson va se construire au fil des échanges partagés avec son environnement. Et en particulier avec sa mère : échanges des regards, réactions aux mouvements de l’autre (bébé tourne la tête assez rapidement pour suivre du regard la personne qui lui parle). Plus l’enfant grandit, plus il s’éveille et plus ses sens se déploient : vocalises et babillages du bébé, imitation dans les expressions, découverte du toucher, interaction aux sons…
Les travaux de Jacqueline Nadel (Directeur de recherche au CNRS) ont montré que lorsque le bébé détecte une absence de synchronie, il en est très perturbé émotionnellement. C’est grâce à ce développement intra-utérin des sens que le fœtus, une fois nouveau-né est susceptible de distinguer les expressions (joie, tristesse, surprise). Il serait capable, par imitation, de les reproduire. Jacqueline Nadel précise que la synchronie est un élément essentiel dans la croissance du nouveau-né et dans le développement de l’enfant à tous les niveaux : psychomoteur, cognitif mais aussi social. « Les nouveau-nés ont, comme tous les individus, besoin de synchronie, d’abord avec la mère, puis avec d’autres. En situation de prématurité, lors de l’hospitalisation à la naissance ou lors d’une ré hospitalisation, il faut de toutes nos forces faire en sorte que la rupture soit la moins brutale possible et assurer une continuité… » conclut Jacqueline Nadel.
Source: laboratoires Abbott