Mortalité maternelle : 50 % des décès seraient évitables en France
Avec un nombre croissant de naissances (834 000 en 2008), la France se situe en tête des pays européens en matière de natalité et de fécondité. Néanmoins, chaque année, en moyenne, plus de 70 femmes décèdent de leur grossesse ou de ses suites.
Si la mortalité maternelle, documentée depuis plus de 15 ans par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), situe la France dans la moyenne des pays européens, elle reste en-deçà des meilleurs, et très loin de la Suède dont les taux sont deux fois plus faibles. Ce constat résulte d’un travail mené par l’unité Inserm 953 « Recherche épidémiologique en santé périnatale et santé des femmes et des enfants », le Comité national d’experts sur la mortalité maternelle et l’Institut de veille sanitaire (InVS), publié mardi 19 janvier 2010*.
En France, 50 % de ces décès sont évitables
En France, le taux de mortalité maternelle est de 9,6 pour 100 000 naissances. 50 % de ces décès sont évitables ou présumés tels car le plus souvent liés à des mesures thérapeutiques inappropriées. L’âge moyen des femmes décédées de mort maternelle est de 33,3 ans pour la période étudiée (2001-2006). Le risque de mort maternelle est trois fois plus élevé à 35-39 ans qu’à 20-24 ans, huit fois plus à 40-44 ans et 30 fois plus au-delà de 45 ans.
Une mortalité maternelle supérieure de 30% en ÎIe-de-France
L’Île-de-France et les départements d’outre-mer (DOM) présentent des taux de mortalité maternelle supérieurs à la moyenne nationale. En Ile-de-France, la mortalité maternelle est supérieure de 30 % et, dans les DOM, elle est trois fois plus fréquente qu’en métropole. Ce taux demeure supérieur chez les femmes de nationalité étrangère, notamment originaires d’Afrique subsaharienne qui peuvent présenter des complications obstétricales plus sévères (hypertension et infections).
Un quart des morts maternelles se produit au cours de la grossesse, dont 9,5 % avant 22 semaines d’âge gestationnel. Un tiers survient dans les premières 24 heures après la naissance et un autre tiers, au-delà de ces 24 heures mais à moins de 42 jours du post-partum. Les causes obstétricales directes dominent largement en raison des hémorragies (25 %), des embolies amniotiques (12 %), des thrombo-embolies veineuses (10 %) et des complications de l’hypertension artérielle (10 %).
L’enquête publiée aujourd’hui permet de disposer d’une actualisation de la situation épidémiologique sur la mortalité maternelle en France et de recommandations pratiques destinées aux professionnels de santé. Les auteurs du rapport concluent qu’« Il existe néanmoins des lacunes dans le système national de recueil d’informations, ce qui laisse supposer un nombre encore plus important de ces décès évitables ».
* Rapport du Comité national d’experts sur la mortalité maternelle (CNEMM) 2001-2006. Unité Inserm 953, Institut de veille sanitaire. Janvier 2010, 102 pages. Rapport complet, disponible sur le site de l’InVS , ainsi que le BEH thématique « La mortalité maternelle en France : bilan 2001-2006 », 19 janvier 2010.