Maladie d'Alzheimer : 72 molécules en développement dans le monde
La recherche sur la maladie d’Alzheimer s’est intensifiée dans le monde : on dénombrait, en avril 2011, 72 molécules en développement dans le portefeuille des industriels du médicament. Six font l’objet de tests précliniques, 32 d’essais cliniques de phase I, 28 d’essais cliniques de phase II et 10 d’essais cliniques de phase III.
La maladie d’Alzheimer résulte de la rencontre de deux processus pathologiques différents qui se conjuguent pour provoquer la dégénérescence des neurones : la pathologie amyloïde (due au dysfonctionnement d’une protéine du cerveau, la protéine APP) et la pathologie Tau (due à une dégénérescence d’une autre protéine du cerveau, la protéine Tau).
Les industriels de la pharmacie ont intensifié leurs recherches pour découvrir des médicaments qui permettraient de stopper la dégénérescence neuronale en intervenant sur la formation des plaques amyloïdes entre les neurones et sur l’agrégation de protéines Tau anormales à l’intérieur des neurones. Au total, 72 molécules sont dans le pipeline des industriels dont 90% visent le peptide amyloïde.
D’autres molécules neuroprotectrices (y compris l’insuline nasale) sont testées afin de tenter de retarder voire de prévenir la mort neuronale. De nombreuses sociétés de biotechnologie sont impliquées dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Leurs efforts se concentrent, pour la plupart, sur la découverte de biomarqueurs et sur la mise au point de tests de diagnostic précoce.
Sur les 72 molécules testées, 6 font l’objet de tests précliniques, 32 d’essais cliniques de phase I, 28 d’essais cliniques de phase II et 10 d’essais cliniques de phase III.
En France, un plan mobilisateur
Le plan Alzheimer, lancé en 2008, totalise 44 mesures, financées par une enveloppe de 1,6 milliard d’euros jusqu’en 2012 et destinées à accélérer la recherche et améliorer la prise en charge de la maladie. 15 mesures et un budget de 200 millions d’euros sont dédiés au volet recherche du plan.
La Fondation nationale de coopération scientifique, dans laquelle les industriels se sont largement investis, a incontestablement « boosté » la recherche et la mise en œuvre de partenariats publics-privés essentiels à la mise au point de médicaments innovants.
104 projets de recherche sont en cours, financés à hauteur de 72 millions d’euros, couvrant les domaines de la recherche fondamentale, clinique et thérapeutique ainsi que les nouvelles technologies et les sciences humaines et sociales.
Parmi ces projets, une trentaine vise à comprendre les mécanismes à l’origine de la maladie dont une dizaine sur le peptide amyloïde et la protéine Tau. 35 sont des programmes de recherche clinique et translationnelle qui ont notamment pour objectifs de mettre au point des outils de diagnostic et de prise en charge précoces.
Une cohorte nationale MEMENTO a été officiellement lancée. Celle-ci suivra pendant 5 ans 2 300 patients présentant des signes cliniques – notamment des troubles de mémoire – pouvant évoquer une forme débutante de la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée. MEMENTO cherche à la fois à mieux comprendre la maladie afin d’accélérer le développement de nouveaux traitements, mais aussi à constituer une plateforme nationale pour le développement de projets de recherche, y compris dans l’imagerie.
Une épidémie mondiale
Le nombre de personnes souffrant d’une maladie d’Alzheimer ou d’une démence apparentée devrait doubler dans le monde en 20 ans, passant de 35,6 millions aujourd’hui à 65,7 millions en 2030. Le coût actuel de prise en charge de ces affections en Europe est évalué à près de 100 milliards d’euros, sans compter la charge sociale et affective qui incombe aux aidants.
Le nombre de patients atteints par ces affections est estimé en France à 850 000 (1,8 million en 2025), dont seulement la moitié serait aujourd’hui identifiée dans le circuit sanitaire (300 000 bénéficient d’une prise en charge au titre des affections de longue durée).
Source : Leem