La dompéridone responsable de 200 morts subites en France en 2012 ?
La revue indépendante Prescrire vient de demander le retrait du marché de l’anti-nauséeux Motilium et de ses dérivés (dompéridone) autorisés en France depuis 1980. Selon une nouvelle étude publiée dans Pharmacoepidemiology and Drug Safety, environ 200 morts subites seraient liées à ce médicament en France en 2012.
Cette nouvelle étude estime qu’environ 200 morts subites seraient liées à la dompéridone en France en 2012. En 2014, Prescrire avait estimé ce nombre entre 43 et 189. Près de 3 millions de personnes ont été exposées à la dompéridone en France en 2012, selon la revue.
L’Agence française du médicament (ANSM) rappelait en 2014 qu’en raison de l’observation d’effets indésirables graves cardiaques (dont l’allongement de l’intervalle QT), les AMM des spécialités à base de dompéridone ont été modifiées en 2004 puis en 2007. En 2011, les professionnels de santé ont été sensibilisés sur les risques cardiaques rares mais potentiellement sévères (arythmie ventriculaire et mort subite) associés à l’utilisation de dompéridone.
En 2013, une réévaluation européenne du rapport bénéfice/risque de la dompéridone a été déclenchée après l’observation de nouveaux cas d’effets indésirables cardiaques graves associés à son utilisation.
Cette réévaluation, achevée en juillet 2014, a confirmé le risque d’effets indésirables cardiaques graves associés à la dompéridone. De nouvelles recommandations d’utilisation des médicaments contenant de la dompéridone ont été diffusées par l’ANSM aux médecins et aux pharmaciens. Les spécialités fortement dosées contenant 20 mg de dompéridone ont été retirées du marché le 10 septembre 2014.
« En avril 2015, la dompéridone est encore en vente et remboursable en France. », souligne la revue, regrettant que « les patients sont encore exposés au dosage à 10 mg le plus couramment utilisé dans les nausées-vomissements. » Prescrire estime ainsi que « le danger mortel de la dompéridone est injustifié par son efficacité, symptomatique et incertaine au-delà d’un effet placebo ». « Les médicaments tels que la métopimazine (Vogalène° ou autre) et le métoclopramide (Primpéran° ou autre) sont voisins de la dompéridone et sont dangereux aussi. », poursuit-elle.
Prescrire vient ainsi de demander « sans attendre un “déremboursement” par l’assurance maladie et surtout un retrait du marché européen », que les patients soient « informés des dangers de la dompéridone et des médicaments voisins ».