Interview Dr Patrick Petit, ORL "Oreilles et bouchons de cérumen : comment les éliminer ?"
Votre enfant a beaucoup de cérumen dans les oreilles. A chaque visite chez le pédiatre, c’est toujours la même histoire : le médecin trouve un petit bouchon qu’il retire sur place. Mais comment faire le reste de l’année ?
Les explications et conseils du Dr Patrick Petit pour agir au mieux avec les oreilles de votre enfant.
24hSanté : « Pouvez-vous nous rappeler comment les bouchons de cérumen se forment ? »
> Dr Patrick Petit : « Les bouchons de cérumen résultent de l’accumulation d’un produit gras, le cérumen lui-même, et de débris cutanés normaux puisque la peau du conduit auditif, comme toute la peau de l’organisme, se renouvelle de manière régulière.
L’abondance du cérumen chez certaines personnes entraîne une formation plus régulière et plus rapide d’un bouchon.
Leur formation résulte également du fait très souvent d’un nettoyage trop appuyé, venant entraîner vers le fond du conduit auditif, et jusqu’au tympan parfois, l’amas de cérumen et de peau desquamée. »
24hSanté : « Un enfant sujet aux otites fabrique-t-il plus de cérumen qu’un autre ? »
> Dr Patrick Petit : « Il ne semble pas y avoir de lien entre une fragilité face aux otites et la production de cérumen. On remarque simplement que chez les enfants soumis à la persistance d’une otite chronique, dite otite séreuse, il y a parfois un débit de cérumen discrètement augmenté mais sans certitude. »
24hSanté : « Est-ce que laver les oreilles de son enfant avec un spray auriculaire prévient davantage les bouchons de cérumen que l’utilisation d’un coton-tige ? »
> Dr Patrick Petit : « L’utilisation régulière d’un spray de nettoyage auriculaire permet d’éviter la formation de bouchon de cérumen et ceci surtout en regard du risque encouru avec l’utilisation d’un coton-tige.
Ces sprays auriculaires à base d’eau permettent effectivement une dilution du couple cérumen-peau desquamée, favorisant ainsi leur élimination, alors que le coton-tige par un geste de pénétration trop importante au niveau du conduit vient favoriser son tassement dans la peau du conduit et entraîner un risque de blocage de bouchon et de gêne auditive, voire de douleur. ».
24hSanté : « Il existe des sprays en traitement et en prévention des bouchons de cérumen. Pouvez-vous nous expliquer le « bon usage » de ce type de produit ? »
> Dr Patrick Petit : « L’usage de ces produits est assez simple. Il n’est pas utile que l’enfant reste immobile la tête penchée. Il s’agit de sprays à utiliser en tant que tel, une simple pulvérisation chez l’enfant qui reste en position verticale suffit largement.
Par exemple, le laboratoire Quies propose différents sprays hygiéniques pour l’oreille, Docuspray et Doculyse. Docuspray est un produit plutôt à utiliser de manière régulière en prévention. Il permet d’éviter la liaison entre le cérumen et les cellules desquamées et favorise ainsi l’élimination très spontanée du cérumen en cours de production. Doculyse lui est plus destiné aux bouchons de cérumen déjà formés en permettant leur désagrégation et leur élimination. »
24hSanté : « Dernier point : est-ce qu’utiliser trop souvent ce type de produits entraîne des risques ? Quelle est selon vous la fréquence idéale pour nettoyer les oreilles ? »
> Dr Patrick Petit : « L’utilisation de ces sprays suffit à favoriser une hygiène naturelle et saine de l’oreille.
Il n’est pas forcément nécessaire d’utiliser en plus un coton-tige. Ce coton-tige, n’a d’intérêt qu’au niveau du pavillon de l’oreille, tout à fait au début du conduit auditif, afin d’évacuer les quelques débris qui auraient pu s’y accumuler. Il ne faut surtout pas pénétrer dans le conduit et on sait que, au-delà de 8 à 10mm de l’entrée du conduit, il n’y a pas de production cérumen. Ce geste peu profond n’a donc aucun intérêt.
Il n’y a aucun risque à utiliser ce genre de produits de manière régulière (sprays).
Un schéma correct serait par exemple d’utiliser Docuspray deux à trois par semaine en traitement de fond et de parfaire l’action de ce spray de prévention par l’instillation d’un peu de Doculyse une à deux fois par mois afin de compléter l’action du premier produit et d’éliminer les quelques débris de cérumen qui auraient pu malgré tout se former et s’accumuler. »
Morgane Boileau