Hôpital : une montée de la maltraitance « ordinaire »
Mépris, humiliations, contraintes physiques… Sur l’ensemble des 4.800 requêtes instruites par le Pôle Santé et Sécurité des Soins, mis en place début 2009 par le Médiateur de la République, près de 8 % faisaient état directement d’une réclamation à propos d’un fait de maltraitance* « ordinaire » à l’encontre des personnels et des patients.
En effet, Jean-Paul Delevoye, le Médiateur de la République a observé une montée inédite et progressive des phénomènes de maltraitance concernant non seulement les patients, mais également le personnel hospitalier, parfois victime de comportements agressifs.
Les situations rencontrées par le Pôle Santé et Sécurité des Soins sont multiples et loin d’être exhaustives :
– attentes interminables des familles avant d’être conduites auprès de leurs proches hospitalisés ;
– sentiment d’avoir été mal ou pas informé, ou rarement écouté ;
– mépris social dans les modalités de délivrance de l’information ;
· sentiment d’un désintérêt ou d’une attitude méprisante de la part du personnel soignant ;
· patient abordé avec un ton et des paroles inappropriés voire humiliants ;
· entraves et contraintes mises en place pour le confort des professionnels ;
– besoins primaires pas toujours respectés (soif, faim, sommeil…) ;
– douleur trop souvent minimisée, parfois ridiculisée… ;
atteintes à l’intimité corporelle ;
– problèmes récurrents concernent le recueil des selles et des urines (« couches » imposées)…
Un certain nombre de facteurs sont cités par les professionnels de santé pour expliquer la maltraitance : leur « souffrance », les conditions d’exercice contraignantes, un encadrement parfois défaillant et une organisation beaucoup trop rigide. Cependant, de nombreux services se sont mobilisés pour développer une démarche de « bientraitance ».
Un respect réciproque
« Les personnes soignées ne doivent toutefois pas perdre de vue que le bon déroulement des soins repose fondamentalement sur un respect réciproque. Si le malade, personne vulnérable par excellence, demeure une victime « privilégiée », les soignants constituent eux-mêmes désormais une catégorie de victimes « à risque ». Si le patient et ses proches disposent de droits, ils ne doivent jamais oublier qu’ils ont aussi des devoirs, au même titre que les professionnels de santé », estime aussi Jean-Paul Delevoye .
* Le Conseil de l’Europe a proposé, en 2002, une définition de la maltraitance comme étant « tout acte, ou omission, qui a pour effet de porter gravement atteinte, que ce soit de manière volontaire ou involontaire, aux droits fondamentaux, aux libertés civiles, à l’intégrité corporelle, à la dignité ou au bien-être général d’une personne vulnérable. »
Source : Médiateur de la Républqiue