Chikungunya : un vaccin expérimental donne des résultats encourageants

Un vaccin contre le chikungunya, développé dans le cadre d’une collaboration de R&D entre l’Institut Pasteur et Themis, une société de biotechnologie autrichienne, a donné des résultats encourageants lors de tests cliniques.
L’étude clinique de phase I du vaccin contre le chikungunya, qui est basé sur le vaccin de la rougeole recombinant, a été réalisée entre novembre 2013 et juin 2014, sur un ensemble de 42 volontaires sains de 18 à 45 ans répartis en quatre groupes. Des doses faibles, moyennes ou fortes du vaccin ont été administrées et un groupe contrôle a reçu le Priorix (vaccin standard contre la rougeole). Les volontaires ont ensuite reçu un rappel administré 1 mois ou 3 mois après la première vaccination.
Résultats : le vaccin expérimental a induit des anticorps neutralisants contre le virus du chikungunya dans tous les groupes dès la première immunisation, le pourcentage de participants/patients qui produisent des anticorps (séroconversion) étant de 44 % dans le groupe ayant reçu la dose faible, 92 % dans le groupe ayant reçu la dose moyenne, et 90 % dans le groupe ayant reçu la dose élevée.
La deuxième vaccination de rappel a entraîné la séroconversion de 100 % des participants dans tous les groupes ayant reçu le vaccin expérimental. “Le profil général d’innocuité est bon. Bien que le taux d’effets indésirables augmente avec la dose et le volume de vaccin, aucun effet indésirable grave lié au vaccin n’a été observé”, soulignent les chercheurs.
Pour le Dr Frédéric Tangy, chef de l’unité de Génomique virale et vaccination à l’Institut Pasteur (Institut Pasteur, CNRS UMR-3569), qui a développé cette technologie vaccinale, « Le vaccin contre la rougeole a déjà prouvé son efficacité et son innocuité sur plus d’un milliard d’individus vaccinés au cours des 40 dernières années. Cette plateforme offre donc un excellent profil d’innocuité et les avantages évidents d’un procédé de fabrication validé et éprouvé. Ces résultats montrent en outre que le vecteur rougeole peut être utilisé alors qu’une immunité anti-rougeole est déjà présente, ceci probablement parce qu’il s’agit d’un vecteur vivant réplicatif. Cela confère un autre avantage de poids à cette technologie. »
« Les récentes épidémies ont entraîné une prise de conscience généralisée de la menace que représente le virus du chikungunya partout dans le monde. Bien qu’un travail supplémentaire soit nécessaire pour confirmer à plus grand échelle l’innocuité, la tolérance et la capacité du vaccin à protéger contre le virus du chikungunya, nos premières données laissent penser que ce nouveau vaccin est un excellent candidat pour aider à résoudre cette urgence médicale », explique le PDG de Themis, Dr. Erich Tauber. « Ces résultats prometteurs nous permettent de progresser dans notre programme et d’envisager de tester rapidement ce vaccin contre le chikungunya dans des études cliniques de phase II. »
 
Les résultats de l’étude publiés dans la revue  The Lancet Infectious Diseases.
Source : Themis / Institut Pasteur
Immunogenicity, safety, and tolerability of a recombinant measles-virus-based chikungunya vaccine: a randomised, double-blind, placebo-controlled, active-comparator, first-in-man trial, The Lancet Infectious Diseases, publié en ligne le 2 mars 2015.