Bronchiolite : vers le premier vaccin pédiatrique
L’INRA et son partenaire DBV Technologies viennent de recevoir un financement de 600 000 € de l’Agence nationale de la recherche (ANR) pour coordonner leurs savoir-faire et développer un vaccin innovant et non invasif contre la bronchiolite.
Ce financement permettra la mise en place des phases pré-cliniques permettant de confirmer la faisabilité d’un vaccin pour l’enfant de moins de 2 ans délivré par voie cutanée.
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est le principal agent responsable de la bronchiolite chez le nourrisson (VRS humain) et de la pneumonie chez le veau (VRS bovin). A l’heure actuelle, il n’existe aucun vaccin chez l’homme, et ceux destinés aux bovins sont peu efficaces. Or, il s’agit d’une affection particulièrement contagieuse qui touche la quasi-totalité des enfants de moins de 2 ans et est responsable de plus de 60% des maladies respiratoires observés dans les troupeaux laitiers et jusqu’à 70% dans les troupeaux allaitants (production de viande). Dans une minorité de cas, l’infection peut conduire à une hospitalisation du jeune enfant. Par ailleurs, les enfants qui ont eu une bronchiolite sont plus sujets à développer de l’asthme en grandissant. Ces virus représentent ainsi un problème majeur de santé animale et humaine.
Deux équipes de l’unité de recherche INRA Virologie et Immunologie Moléculaires1 à Jouy-en-Josas ont développé ensemble des assemblages moléculaires à partir de la protéine virale la plus conservée entre les virus bovins et humains. Ces particules se présentent sous la forme d’anneaux d’une dizaine de nanomètres de diamètre. Chez la souris et le veau, l’exposition à ces entités induit des défenses immunitaires conférant une protection vaccinale contre le virus.
Plusieurs études menées ces dernières années par les chercheurs de ces équipes ont permis d’aboutir à une structure améliorée des anneaux portant d’autres éléments du virus qui augmentent l’efficacité du vaccin. De son côté, DBV Technologies a développé une technologie brevetée permettant d’administrer à l’aide d’un patch (Viaskin®) un allergène/antigène à travers la peau saine. Dans le cadre d’un partenariat avec l’INRA, la société a réussi à charger sur le patch des particules vaccinales. La mise en commun des résultats scientifiques et des technologies novatrices développées par DBV Technologies et l’INRA permettrait ainsi d’aboutir au développement du premier vaccin pédiatrique, non invasif et sans adjuvant, efficace par voie cutanée.
La phase pré-clinique, qui vient de recevoir le financement de 600 000 € de l’ANR et durera 30 mois, devra valider le concept d’un vaccin sur patch, sur plusieurs modèles animaux, notamment le porc dont la peau est proche de celle de l’homme. Ce succès de R&D illustre les bénéfices dégagés par les approches de nature « Une Seule Santé » (One Health) qui réunissent dans des projets intégrés les connaissances acquises en recherche médicale comme vétérinaire. Les domaines de la santé publique comme de la santé vétérinaire seront bénéficiaires des retombées attendues.
Source : INRA