AIDES manifeste pour les étrangers malades devant la préfecture de Bobigny
Bruno Spire, président de AIDES, s’alarme “La protection des étrangers gravement malades, garante de la santé publique, menace de s’effondrer sous la pression du contrôle obsessionnel des flux migratoires. Peut-on continuer à se laver les mains du sort de ces personnes comme si l’épidémie de VIH s’arrêtait à nos frontières ? Face au mépris affiché des Ministères de la Santé et de l’Intérieur, nous demandons solennellement à François Hollande de se saisir du dossier et de mettre fin à cette situation.”
Trop, c’est trop. A l’instant, des centaines de militants de AIDES manifestent devant la préfecture de Bobigny pour dénoncer le sort réservé par l’Etat aux étrangers malades depuis la loi Besson de 2011. Alors que le candidat Hollande s’était engagé à revenir sur cette disposition qu’il qualifiait lui même d'”hypocrite”, les conditions d’octroi ou de renouvellement de titres de séjour ne cessent de se dégrader depuis son élection. Résultat : multiplication des procédures d’expulsion et de placements en rétention d’étrangers gravement malades. Pour AIDES, cette situation n’a que trop duré. Nous demandons instamment au Président de la République de reprendre en main ce dossier, afin de faire prévaloir la santé publique sur les objectifs de contrôle migratoire.
Pourquoi une telle action à Bobigny ? D’abord parce que la préfecture de Bobigny est emblématique des dérives inacceptables que peuvent rencontrer les étrangers dans leur parcours administratif. Humiliations, files d’attente interminables, conditions d’accueil dégradantes, demandes de justificatifs non prévus par la loi, tout est fait pour décourager les étrangers de faire valoir leurs droits. A commencer par les étrangers malades, littéralement épuisés par ces procédures. Un tableau peu réjouissant qui vaut à cette préfecture du 93 de figurer au top 3 des pires préfectures de France. A l’heure où nous manifestons, trois personnes séropositives de nationalité ivoirienne et burkinabé sont menacées d’expulsion après le rejet de leure demande de titre de séjour. On imagine aisément l’impact d’un retour au pays pour la santé et la survie de ces personnes.
Ensuite parce que la situation de l’épidémie dans les zones périurbaines est au coeur des préoccupations de AIDES, qui installe son Congrès national à Bobigny cette année. La question de l’accès aux soins en banlieue en sera le thème central. Or si la ville de Bobigny est particulièrement impliquée à nos côtés pour faire reculer l’épidémie, les mauvaises pratiques de la préfecture de Seine Saint Denis nuisent à la santé des malades et à la santé publique. Un comble dans le second département de métropole le plus touché par l’épidémie.
Tribune libre de l’Association AIDES