Le DDT classé comme probablement cancérogène par le CIRC
Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS vient de classer l’insecticide lindane comme cancérogène pour l’homme, le DDT comme probablement cancérogène et l’herbicide 2,4-D comme peut-être cancérogène pour l’homme.
L’OMS rappelle que bien que la plupart des utilisations du DDT aient été interdites dans les années 1970, le produit peut se retrouver dans l’environnement et dans les tissus animaux et humains dans le monde entier.
Le lindane a été largement utilisé pour lutter contre les insectes
Après avoir soigneusement passé en revue la littérature scientifique disponible la plus récente, un groupe de travail de 26 experts venus de 13 pays différents, réunis par le Programme des Monographies du CIRC, a classé l’insecticide lindane comme cancérogène pour l’homme du fait d’indications suffisantes de la cancérogénicité du lindane chez l’homme, pour le lymphome non hodgkinien (LNH).
Le lindane a été largement utilisé pour lutter contre les insectes, y compris dans l’agriculture et pour le traitement des poux et de la gale chez l’homme. Des expositions élevées ont été rapportées chez les travailleurs agricoles et les applicateurs de pesticides; cependant, l’utilisation du lindane est désormais interdite ou limitée dans la plupart des pays. De grandes études épidémiologiques sur les expositions en milieu agricole aux Etats-Unis et au Canada ont montré une augmentation du risque de 60% de LNH chez les personnes exposées au lindane.
La plupart des utilisations du DDT interdites dans les années 1970
L’insecticide DDT a quant à lui été classé comme probablement cancérogène pour l’homme, sur la base d’indications suffisantes selon lesquelles le DDT provoque le cancer chez l’animal de laboratoire, et d’indications limitées de sa cancérogénicité pour l’homme. Les études épidémiologiques mettaient en évidence des associations positives entre l’exposition au DDT et le LNH, le cancer des testicules et le cancer du foie. Le groupe disposait aussi de données expérimentales probantes de ce que le DDT peut affaiblir le système immunitaire et perturber les hormones sexuelles. Cependant, dans l’ensemble, il n’y avait pas d’association entre le cancer du sein et les niveaux de DDT mesurés dans les échantillons de sang ou de graisse.
Le DDT a d’abord été utilisé pour lutter contre les maladies vectorielles au cours de la Seconde Guerre mondiale et il a plus tard été largement appliqué dans l’agriculture et pour éradiquer le paludisme. Bien que la plupart des utilisations du DDT aient été interdites dans les années 1970, le DDT et ses produits de dégradation sont très persistants et peuvent se retrouver dans l’environnement et dans les tissus animaux et humains dans le monde entier. L’exposition au DDT existe toujours, principalement par le biais de l’alimentation. L’utilisation restante et essentielle du DDT concerne la lutte anti-vectorielle, principalement pour le paludisme. Cette utilisation est strictement limitée en vertu de la Convention de Stockholm.
Le 2,4-D largement utilisé pour lutter contre les mauvaises herbes
Enfin, l’herbicide 2,4-D a quant à lui été classé comme peut-être cancérogène pour l’homme, sur la base d’indications insuffisantes chez l’homme et d’indications limitées chez l’animal de laboratoire. Le Groupe disposait de fortes indications selon lesquelles le 2,4-D induit le stress oxydatif, un mécanisme qui peut se produire chez l’homme, et d’indications modérées selon lesquelles le 2,4-D provoque une immunodépression, sur la base d’études in vivo et in vitro. Cependant, les études épidémiologiques ne mettaient pas en évidence de hausses importantes ou uniformes du risque de LNH ou d’autres cancers par rapport à une exposition au 2,4-D.
Depuis son introduction en 1945, le 2,4-D a été largement utilisé pour lutter contre les mauvaises herbes en agriculture, en foresterie et en milieu urbain et résidentiel. Les expositions professionnelles au 2,4-D peuvent survenir lors de la fabrication comme de l’application, et la population générale peut être exposée par le biais des aliments, de l’eau, de la poussière ou d’applications résidentielles, et pendant la pulvérisation.
Source : CIRC