60ème anniversaire de la 1ère greffe de rein au monde
Tout juste 60 ans après la réalisation à Paris de la toute première greffe rénale, l’accès des malades à la transplantation rénale, de très loin le meilleur traitement mais aussi le plus économique, reste bien trop limité, dénoncent médecins et associations.
L’hôpital Necker s’apprête à célébrer le 60ème anniversaire de la première greffe de rein à partir d’un donneur vivant au monde. Fin décembre 1952, Marius Renard, jeune charpentier de 16 ans, tombe d’un échafaudage. Une hémorragie conduit à lui retirer son rein unique. Marius semble promis à une mort certaine.
Sa mère, Gilberte, désespérée, supplie les médecins de l’hôpital Necker de greffer un de ses reins à son fils. Jean Hamburger et son équipe décident de tenter cette opération de la dernière chance. En cette nuit de Noël 1952, la greffe est réalisée et semble être un succès. Pourtant, trois semaines plus tard, le rein greffé cesse soudainement de fonctionner. Les mécanismes du rejet ne sont pas connus, les médicaments immunosuppresseurs encore moins.
Marius s’éteint le 27 janvier 1953. Quelques jours plus tard, plusieurs milliers de personnes assisteront à ses obsèques… Malgré la cruauté de cet échec, cette grande première a eu un retentissement mondial et a marqué le début de l’ère de la transplantation d’organes, pour laquelle la France a joué un rôle pionnier.
Une campagne pour célébrer le 60ème anniversaire
La transplantation rénale s’est depuis imposée, en France et dans le monde, comme le meilleur traitement pour les personnes dont les reins ne fonctionnent plus. C’est celui qui apporte à la fois la meilleure qualité de vie et la meilleure espérance de vie. Une greffe réussie permet le retour à une vie quasi normale. La dialyse, le traitement qui est aujourd’hui le plus répandu, est en effet lourde et contraignante (en général trois séances de 4 à 5h par semaines). Son impact sur le quotidien des malades est considérable et ses résultats, en termes de survie notamment, sont très inférieurs à ceux de la transplantation.
“De plus, la greffe est le traitement le moins onéreux pour le système de santé. Le coût moyen d’une année de suivi de greffe s’élève à 20k€ au delà de la première année, contre environ 80k€ pour une année de dialyse. Les 3 000 greffes de rein réalisées chaque année en France font économiser à l’assurance maladie 90 millions d’euros, soit en cumulant sur 10 ans près de 1,7 milliards d’euros”, estime l’association Renaloo, la première Communauté web francophone de patients et de proches sur les maladies et l’insuffisance rénales, la dialyse, la greffe.
Environ 70000 personnes sont aujourd’hui traitées en France pour une insuffisance rénale terminale, 55% d’entre elles sont dialysées et 45% transplantées. Le coût global de leur prise en charge s’élève à 4 Mds d’euros par an, plus de 80% de cette somme étant consacrée à la dialyse.
La pénurie d’organes en France est une réalité
Au cours de l’année 2011, plus de 12000 patients ont attendu un rein. Moins de 3000 d’entre eux ont effectivement été transplantés dans l’année… “Pourtant, il existe différents moyens connus et efficaces pour greffer plus de patients, plus rapidement. Le principal est sans aucun doute le recours aux greffes à partir de donneur vivant”, rappelle Renalloo.
Une personne en bonne santé peut donner de son vivant un rein à un proche. On vit tout à fait normalement avec un seul rein1. De plus, ces greffes sont celles qui fonctionnent le mieux et le plus longtemps. Pourtant, Le don du rein est une possibilité encore méconnue en France.
En 2011, seulement 10% des transplantations rénales en France ont été faites à partir d’un donneur vivant, contre 38% au Royaume Uni, 23% en Allemagne, 45% en Suède ou 37% aux USA… Ce taux reste donc très faible, même si la loi a récemment évolué (loi de bioéthique du 7 juillet 2011). Le don peut notamment désormais provenir d’un ami…
Source : Renalloo