Parodontite: une alimentation riche en graisses augmente le risque
Des chercheurs de l’Inserm viennent de montrer qu’une alimentation riche en graisses augmente le risque de parodontite. Un phénomène lié à la modification de la flore bactérienne des dents, qui favorise par la suite l’apparition de diabète.
Une alimentation très grasse modifie la composition de la flore bactérienne intestinale. Elle favorise ainsi l’émergence de certaines bactéries pro-inflammatoires qui créent un terrain favorable à l’apparition d’un diabète. Des chercheurs de l’Inserm viennent de montrer que ces mêmes bactéries entrainent aussi des maladies parodontales, ces infections bactériennes qui affectent et détruisent les tissus entourant et soutenant les dents. La découverte explique pourquoi diabète et parodontite sont si souvent associés en clinique.
La parodontite, précurseur du diabète
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont soumis des souris à un régime riche en graisse et ont étudié leur état de santé gingivale et leur état de santé métabolique. Ils ont constaté que les rongeurs consommant beaucoup de graisses présentaient des inflammations au niveau du tissu de soutien des dents. « Ce régime sélectionne des bactéries pathogènes comme Fusobacterium nucleatum ou encore Prevotella intermedia qui génèrent une inflammation locale » explique Rémy Burcelin, co-auteur des travaux avec le Dr Vincent Blasco (Inserm UMR 1048). Cette donnée est loin d’être anodine puisque ces mêmes bactéries passent ensuite dans le sang circulant et sont responsables de l’apparition du diabète de type 2. Ainsi, la parodontite serait donc un signal d’appel du diabète.
En poussant plus loin leurs travaux, les chercheurs ont montré que l’inflammation locale générée par les bactéries au niveau des dents, ou au niveau de l’intestin dans le cas du diabète, est en partie contrôlée par les estrogènes. Ces hormones régulent probablement le système immunitaire local.
Eduquer son propre microbiote
« Nos travaux confirment l’importance de la composition de la flore bactérienne dans la régulation du système immunitaire au cours de l’apparition de maladies métaboliques » explique le chercheur. « Pour prévenir ces risques, il est nécessaire de préserver une flore extrêmement diversifiée, que ce soit au niveau de la peau, de la bouche ou de l’intestin. Plus celle-ci est variée, plus l’immunomodulation est éduquée, plus elle est efficace contre l’inflammation et les maladies associées. Cela passe par une alimentation très diversifiée, un usage modéré des antibiotiques et une hygiène raisonnable » conclut-il.
Source : Inserm
Vincent Blasco-Baque et coll. High-Fat Diet Induces Periodontitis in Mice through Lipopolysaccharides (LPS) Receptor Signaling: Protective Action of Estrogens. PLoS ONE 7(11): e48220