Asthme chez l’enfant : faut-il se méfier des médecines non conventionnelles ?
Selon une étude menée par l’Université de Montréal, les enfants qui bénéficient de thérapies parallèles ou complémentaires sont deux fois plus susceptibles que les autres de présenter un asthme mal contrôlé.
Les enfants asthmatiques qui, en remplacement ou en complément de leur médication, sont soumis à des médecines douces ou médecines non conventionnelles pour traiter leur asthme maitrisent moins bien leur maladie que les enfants qui ne sont pas soumis à ces médecines parallèles. C’est l’une des principales conclusions qui ressort d’une étude dirigée par la Docteure Francine Ducharme, professeure au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine.
L’étude portait sur plus de 2000 enfants atteints d’asthme à différents niveaux de gravité et dont l’âge moyen était de six ans. « Des études antérieures ont montré que près de 60 % des parents croient que les médecines parallèles et complémentaires peuvent être utiles dans le traitement de l’asthme », explique Francine Ducharme. « Pourtant, des études bien conçues n’ont pas permis de démontrer que les thérapies comme l’acupuncture, l’homéopathie, la médecine chiropratique ou la phytothérapie, sont efficaces dans le traitement de l’asthme. Les parents n’ont peut-être pas conscience des risques qui leur sont associés, notamment les réactions indésirables qu’elles peuvent induire, leurs interactions possibles avec les médicaments conventionnels prescrits contre l’asthme, sans compter que le recours à ce type de thérapie retarde l’instauration d’un traitement efficace et son observance. Nos résultats confirment que les enfants qui bénéficient de thérapies parallèles ou complémentaires sont deux fois plus susceptibles que les autres de présenter un asthme mal contrôlé. »
13 % des 2000 enfants étaient soumis à des médecines douces, les principales étant l’acupuncture (11 %), l’homéopathie (18 %) et les suppléments vitaminiques (24 %). Les données montrent que ce sont surtout les enfants d’âge préscolaire, d’origine asiatique (pour l’acupuncture) et souffrant d’asthme épisodique qui sont traités par ces approches.
Asthme mal contrôlé
On pourrait penser que des thérapeutiques telles que l’homéopathie et l’acupuncture ne présentent aucun danger, mais l’étude de Francine Ducharme met au jour une corrélation entre l’ensemble des médecines parallèles et l’asthme mal contrôlé. «Le diagnostic d’un asthme mal maitrisé repose sur des critères comme la fréquence de l’usage du bronchodilatateur, la présence de symptômes nocturnes, les limitations dans l’exercice physique et l’absentéisme à l’école ou au travail», précise la pédiatre.
Une fois retranché l’effet des diverses causes possibles de ce manque de contrôle sur la maladie, les enfants soumis aux médecines douces apparaissent comme étant deux fois plus nombreux que les autres à moins bien maitriser leur asthme. L’étude ne permet toutefois pas d’établir le sens de la relation, à savoir si le mauvais contrôle découle du recours aux médecines complémentaires ou si les parents y font appel parce que l’asthme est plus difficilement maitrisé.
Pour la chercheuse, il est évident que le remplacement de la médication par des thérapeutiques autres constitue un risque d’aggravation de la maladie, puisque ces méthodes se sont avérées inefficaces. Il existe en outre un risque potentiel d’interactions indésirables entre les suppléments vitaminiques et les médicaments conventionnels. Divers travaux ont en effet montré que les adultes asthmatiques qui consomment de l’ail, de la camomille et du chili étaient de deux à trois fois plus nombreux que les non-consommateurs de ces produits à être hospitalisés pour leur problème d’asthme et que cela pourrait être dû à un défaut d’observance de leur médication.
Source : Université de Montreal