Sexe, argent : des zones cérébrales spécifiques à chaque « plaisir »
Une équipe de chercheurs du CNRS montre pour la première fois qu’il existe, au sein du cortex orbitofrontal (situé dans la partie antérieure et ventrale du cerveau), des régions distinctes répondant à des récompenses secondaires comme l’argent ou à d’autres plus primaires comme des images érotiques.
Dans notre quotidien, nous sommes fréquemment confrontés à divers types de « récompenses » : un billet de 20 €, un carré de chocolat ou un bon vin… De plus, nous devons bien souvent faire des choix entre elles ou les échanger les unes contre les autres. Selon les chercheurs, il pourrait exister une dissociation entre les récompenses dites « primaires » (comme la nourriture ou le sexe qui satisfont aux besoins vitaux et ont une valeur innée) et celles plus « secondaires » (comme l’argent ou le pouvoir qui ne sont pas indispensables à la survie et ont une valeur qui s’apprend par association avec des gratifications primaires).
C’est pour vérifier ces hypothèses que Jean-Claude Dreher et Guillaume Sescousse du Centre de Neuroscience Cognitive de Lyon (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1) ont proposé à 18 volontaires de se prêter à une expérience originale sous forme de jeu permettant de gagner de l’argent ou de voir des images érotiques. Pendant l’expérience leur activité cérébrale était enregistrée à l’aide d’un scanner IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle).
Résultat : les chercheurs ont notamment confirmé qu’il existe une dissociation entre récompenses primaires et secondaires dans le cortex orbitofrontal. Sa partie postérieure (plus ancienne sur l’échelle de l’évolution) est activée spécifiquement par les images érotiques (récompense primaire), alors que sa partie antérieure (apparue plus récemment chez l’Homme) l’est spécifiquement par les gains d’argent (récompense secondaire). Ainsi, plus les récompenses sont abstraites et complexes, plus leur représentation sollicite des régions antérieures du cortex orbitofrontal.
Ces résultats démontrent pour la première fois une dissociation entre deux types de récompenses au niveau cérébral et suggèrent qu’il pourrait exister des zones distinctes pour ces différentes gratifications. Des travaux qui pourraient permettre de mieux comprendre certaines maladies psychiatriques, notamment l’addiction aux jeux d’argent.
Source : CNRS